« Florence » est le nom de mon violon. J’ai décidé de l’apporter avec moi à la Congrégation, non parce qu’on me l’a demandé, mais parce qu’il est ma voix depuis plus de 40 ans déjà. Mon grand-père a été mon premier maître au violon, il me l’a offert, alors que j’avais à peine 10 ans. Un de mes plus beaux souvenirs est de voir mon grand-père verser des larmes en m’écoutant jouer du violon. Visiblement ému, il disait : « Je ne sais pas ce que j’ai », alors que dans ma tête d’enfant, je comprenais par ses larmes combien il était touché par la musique. J’ai compris plus tard que mon violon avait le pouvoir de « consoler » les cœurs, le mien et celui des autres. Cette conviction m’a suivi jusque dans la Compagnie de Jésus.
En 2004, un autre événement est venu marquer mon rapport au violon : le décès de ma mère et la naissance d’un violon qui porte son nom « Florence ». Ma mère, apprenant qu’elle allait mourir d’un cancer du pancréas, m’a offert en héritage un violon. Elle me confiait : « Vu que tu es jésuite, je voudrais t’offrir un instrument qui pourra consoler les cœurs, comme tu l’as toujours fait depuis ton enfance ». Après un temps de réflexion et de dialogue avec mon Provincial, j’ai décidé de faire fabriquer un violon qui porterait son nom. Ce projet a apporté une grande joie à ma mère. Elle est décédée paisiblement en août et son/mon violon est né en novembre. C’est ce violon que vous entendez chaque matin durant la prière de la Congrégation. Pour moi, ce violon est la voix de ma mère qui résonne parmi nous, et j’aime penser qu’il nous donne accès à Dieu de façon particulière par son pouvoir de consoler les cœurs.
Lundi, le discours du pape François venait toucher ma « corde sensible » en confirmant mon appel personnel de « consoler son peuple » (Esaïe 40,1) et de le faire tout particulièrement en jouant du violon. Il disait : « Dans les Exercices, Ignace nous fait contempler “le ministère de consoler” les amis comme étant le propre du Christ Ressuscité (E.S. 224). C’est le ministère propre de la Compagnie, de consoler le peuple fidèle et d’aider avec discernement à ce que l’ennemi de la nature humaine ne nous vole pas la joie : la joie d’évangéliser, la joie de la famille, la joie de l’Église, la joie de la création… »
Chaque fois que je touche mon violon, mon grand désir est de consoler. Chaque matin durant cette Congrégation, je fais chanter « Florence » pour consoler votre cœur et pour vous faire entrer dans la joie de l’Évangile.