En fin de quatrième semaine de cette CG, j’écrivais aux membres de ma Province que nous avions parfois l’impression de tourner en rond. Souvent nous sommes unanimes pour dire qu’il ne faut pas traîner sur les questions plus techniques et qu’il faut distinguer les questions secondaires des défis essentiels… Mais dans un même élan, on peut proposer 17 modifications particulières pour une question apparemment secondaire. A d’autres moments, on peut prendre la parole pour expliquer que le temps est précieux, mais en dépassant largement son temps de parole ! Les secousses du sous-sol italien (trois tremblements de terre en trois jours) que nous avons ressenties jusqu’à Rome n’annonçaient pas encore la Pentecôte : l’ouverture des portes et l’annonce joyeuse (et sans traducteurs !) des fruits de notre Congrégation ne sont pas encore à l’ordre du jour !
Dès le lundi de cette (cinquième) semaine, je me suis dit : « Il faudra changer le ton de ma prochaine communication ! » En effet les choses bougent, la méthode a changé, le rythme est tout différent. En fait notre groupe évolue en apprenant de ses erreurs, en essayant d’autres manières de faire ! Et cela est bon signe, c’est même très ignatien ! Non seulement il ne s’agit pas de faire croire que notre assemblée est sans failles (les jésuites sont des hommes faillibles et qui se savent appelés malgré leurs failles), mais il s’agit aussi d’apprendre de nos errements, d’expérimenter ce qui conduit à une impasse et de discerner ce qui aide et qui fait grandir. Quels que soient les textes officiels qui sortiront de notre Congrégation (décrets, recommandations ou corrections de normes complémentaires), nous aurons de toute façon des choses à raconter, peut-être mêmes des choses plus importantes que le contenu des textes : comment aider un groupe (de 214 personnes) à progresser sur le chemin de Dieu !
Lors de chacun des repas à la communauté de la Grégorienne (c’est là que je loge), un compagnon fait le forcing pour en savoir un peu plus sur notre ordre du jour. Comme il ne reçoit guère de réponse satisfaisante de ma part, il me dit avec une pointe d’agacement dans la voix : « Vous êtes comme une confrérie secrète ! » Ici encore je puis répondre : « Nous aurons de toute façon des choses à raconter, peut-être même des choses plus importantes que le contenu des textes qui seront publiés ». Simplement laissez-nous le temps et offrez-nous la liberté des débats ! Notre assemblée n’est pas la réunion de représentants qui doivent rendre compte à leurs affiliés de l’évolution des processus. Chacune de nos interventions se fait en notre nom propre et en conscience, qu’il s’agisse de voter pour une personne (nous avons élu un nouveau Supérieur Général et nous devons encore élire quatre « Assistants ad providentiam »), qu’il s’agisse de se prononcer pour un thème particulier ou sur un paragraphe d’un document particulier… Personnellement, et sans que notre décision ne soit le reflet de la pression d’une conversation de table ou d’un courriel échangé en dernière minute.