Le silence tient une place importante dans notre charisme et dans notre manière de procéder. En d’autres termes, l’amour du silence fait partie de notre manière de vivre. D’après mes expériences de quelques semaines, la Congrégation générale a fait une option de prendre le temps de silence comme une des méthodes de travail et de discernement pour sa délibération et sa décision. Nous avons quelques moments de réflexion et de méditation personnelle après chaque séance. Un de nos modérateurs de la journée nous rappelle souvent à la fin de chaque session: « On va voir ce que le Seigneur nous dira dans le silence ».
Au début de la prière du matin, il y a ce silence profond suivi d’un fond musical. Un adage de chez nous à Madagascar disait: « Même une mouche qui vole, on peut l’entendre ». L’idée derrière cet adage est d’affirmer la profondeur du silence qui existe dans un milieu. Après les lectures tirées soit de notre héritage, soit de sages de l’Église, et de la Sainte Écriture, nous lisons sur notre tablette « SILENCE: Laisser Dieu parler à notre cœur! ». Souvent, à la fin de chaque séance et avant de sortir de l’aula, le modérateur nous invite pour trois minutes de pause en silence pour réfléchir et prier sur le thème qui vient d’être discuté. Chaque vote important est précédé de moments de silence pour souligner et manifester son caractère sacré.
En ce qui me concerne, les périodes de silence qui m’ont beaucoup marqué et constituent une des sources de mes consolations étaient:
La méditation de 40 minutes de 212 jésuites dans l’aula avant l’élection du P. Général. Imaginez-vous le sérieux de ce temps, 212 personnes en train de prier ensemble en silence dans un endroit. C’est vraiment une expérience religieuse merveilleuse et précieuse.
Le moment de prière que nous avons passé avec le Saint Père avant qu’il s’adresse à nous.
Voir chacun prier en silence dans les différentes chapelles de la curie, dans le jardin ou à la terrasse de la Maison généralice. Je me suis dit: « Tout ce monde porte au profond de leur for interne la vie et la mission de cette “Petite Compagnie” ».
Le silence est un « tempo forte » de la Congrégation générale! Ce silence profond nous donne l’opportunité et le temps d’être en communication avec le vrai Autre – Dieu. Il est un temps fort pour expérimenter notre intimité avec le Seigneur. Avec ce silence, nous entrons en dialogue avec lui. Mon père maitre de novice a toujours insisté: “C’est dans le silence qu’existe la vraie Réalité!” Il nous permet de voir d’une manière plus claire et plus lucide sur le chemin à suivre et l’objectif à atteindre, parce que nous pouvons entrer en profondeur dans notre réflexion, méditation et contemplation. Ce temps de silence est alors un temps sacré. Il faut l’utiliser au maximum. Il faut le goûter, l’apprécier et l’aimer. Développer, vivre ces période et attitude de silence est une valeur et une vertu à cultiver dans notre monde actuel qui favorise une « culture du bruit ou du tapage ». Tout cela étant dit, beaucoup seraient d’accord avec moi pour affirmer: « Le silence est non seulement précieux comme de l’or, mais il est également une règle d’or ».
Fulgence Ratsimbazafy, SJ